Accessibilité des programmes audiovisuels pour les sourds et les malentendants
Le sous-titrage S & M
Date : août 2011.
La loi no 2005-102 du 11 février 2005 "pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées", a modifié la loi no 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication. L'article 53 de cette loi modifiée prévoit l'adaptation à destination des personnes sourdes ou malentendantes de la totalité des programmes de télévision diffusés, à l'exception des messages publicitaires, bandes-annonces, la VOD entre autres, sous réserve des dérogations justifiées par les caractéristiques de certains programmes : Pour les chaînes hertziennes privées et les autres chaînes, le 5°bis de l'article 28 et l'article 33-1 de la loi du 30 septembre 1986 indique qu'une "proportion substantielle des programmes" doit être accessible. Cette proportion dépend notamment de l'audience de la chaîne, de sa nature, de son mode de diffusion et de son chiffre d'affaires. Ainsi, les chaines avec une audience supérieure à 2,5 % annuelle doivent présenter la totalité de leur programmation sous-titrée [TF1, France 2, 3, 4 et 5, Canal+, M6, TMC et W9].
Il existe deux standards pour l'affichage de sous-titres en TNT : le sous-titrage télétexte, DVB_teletext, en voie de disparition avec l'arrêt de la télévision analogique fixé au 30 novembre 2011, et le sous titrage "ETS 300 743 / DVB - Digital Video Broadcasting - subtitling". C'est ce dernier standard européen qui est retenu en France. Par conséquent, lorsque que l'on choisit un adaptateur TNT, il faut vérifier sa compatibilité avec cette norme.
Les normes du sous-titrage spécifique S & M varient selon les souhaits des clients et chaînes de télévision. Cependant, certaines normes restent stables :
La principale spécificité du sous-titrage S & M selon Nathalie Diu [1] sont les indications sonores. Les adaptateurs mettent un point d'honneur à retranscrire les ambiances sonores et la musique le plus précisément possible, d'autant qu'elles ne sont pas que de simples illustrations sonores. Elles participent bel et bien à la dramaturgie [par exemple : "Un téléphone sonne", "Une femme crie derrière la porte"...] Pour les bruits, l'intensité peut être décrite précisément, si le temps de lecture le permet. A savoir : "Tonnerre d'applaudissements", "Rire éclatant", "Sanglots étouffés" plutôt que "Applaudissements", "Rires", "Pleurs". Pour la musique, si le morceau est connu, on indique son titre ainsi que son compositeur. ["Confutatis, Requiem de Mozart"]. Sinon, on s'attache à donner le style musical : "Musique de chambre", "Flamenco", "Rock". Pour les chansons interprétées à l'écran par un personnage, on retranscrit les paroles.
- Un sous-titre S & M n'est jamais censé commencer en retard par rapport à la voix.
- Les sous-titres S & M sont placés sous le personnage qui parle. Ils sont toujours placés par rapport à la source sonore. Si celle-ci n'est pas identifiée, le sous-titre est centré.
- La police de caractères utilisée est Helvetica 28.
- Un maximum de 34 caractères par ligne incluant les espaces, mais cela dépend de la largeur des lettres : Une ligne constituée seulement de W contient en effet au maximum 19 caractères, mais A, B ou C compte pour 0,8 par exemple, un f ou un i compte pour 0,3.
- Un sous-titre doit être composé si possible de 2 lignes au maximum.
- Un sous-titre a une durée minimale de 1 seconde, 4 secondes minimum pour le titre, et maximale de 10 secondes.
- 5 images minimum séparent la sortie et l'entrée de 2 sous-titres en évitant que le sous titre chevauche un changement de plan. En cas de nécessité, un sous-titre peut cependant chevaucher un changement de plan s'il apparaît au moins 1 seconde avant et disparaît au moins 1 seconde après.
Deux méthodes de gestion d'apparition des sous-titres existent :
- Le roll-up, Canada et pays anglophones, le texte apparaît progressivement et défile sur trois lignes de bas en haut dans la partie inférieure de l'écran ou en haut sur deux lignes. Le signe, », étant le code utilisé dans les dialogues pour indiquer un changement d'interlocuteur.
- Le pop-on, France et pays européens, le sous-titre se positionne sur deux lignes dans la partie inférieure de l'écran selon l'emplacement du personnage. Le tiret cadratin, —, étant généralement le code utilisé dans les dialogues pour indiquer un changement d'interlocuteur.
Le code couleur du sous-titrage S & M est commun à la majorité des chaînes :
- Blanc : Le locuteur ou une partie du locuteur est à l'image.
- Jaune : Le locuteur est hors-champ / voix-off.
Un astérisque (*) est utilisé pour tous les sons provenant de haut-parleur, radio, télévision, téléphone, etc. L'astérisque sera de la couleur du sous-titre. Il n'y a pas d'espace avant le sous-titre. L'astérisque sera placé sur le 1er sous-titre et répété uniquement en cas de changement de locuteur [suivi d'un tiret].
- Cyan : Symbolise la pensée ou un flash-back [on entend la voix du personnage sans que celui-ci articule].
- Magenta : Indications musicales [paroles d'une chanson, poésie, etc.].
- Rouge : Indications sonores, descriptions de bruits.
- Vert : Langue étrangère. La langue ne sera pas traduite. La retranscription est possible uniquement sur des mots étrangers très connus. Pour les documentaires, le vert est utilisé pour les voice-over.
Les étapes de la création du sous-titrage :
Les sous-titres peuvent être produits à l'avance comme c'est le cas pour un programme de stock ou créés en temps réel lors d'une émission en direct.
- La création des sous-titres : visionnage de la version française et repérage des dialogues originaux.
- L'adaptation de l'oral à l'écrit : le sous-titrage S & M est la plupart du temps une synthèse ou une reformulation de ce que l'on entend, comme le sous-titrage d'une langue étrangère, les paroles pouvant rarement être retranscrites telles quelles, par souci du respect de la vitesse de lecture des téléspectateurs.
- Le placement des sous-titres, la mise en couleurs et la description des ambiances sonores [bruits, musiques additionnelles, accents étrangers...].
- La "présimulation" : visualisation du programme dans les conditions réelles, sans le son, afin de vérifier que tout est compréhensible, que le rythme de passage des sous-titres est satisfaisant et de corriger les éventuelles erreurs.
Différentes techniques de création du sous-titrage :
- La vélotypie utilise les principes de l'écriture syllabique. Deux opérateurs travaillent en simultané. Le premier opérateur écoute l'émission et synthétise le texte. Le second saisit le texte en frappant simultanément plusieurs touches d'un clavier vélotype pour produire une syllabe. Afin de vérifier le texte ainsi produit, la ligne saisie n'est envoyée qu'après la saisie de deux autres lignes. La vitesse de cette technique est limitée à 150 mots/minute.
- La dactylographie, l'opérateur écoute l'émission et tape sur son clavier les propos dictés. Cette méthode demande une organisation et des moyens importants dans le cadre d'une opération de sous-titrage en direct et n'est peut être pas tout à fait adaptée à ce type d'usage.
- La sténotypie assistée par ordinateur utilise les principes de l'écriture phonétique. Il s'agit en fait de transcrire des sons en temps réel par le biais de codes phonétiques qui sont automatiquement traduits par l'ordinateur en texte à l'écran en direct à plus de 210 mots/minute.
- La reconnaissance vocale, c'est actuellement la technique la plus utilisée. Le principe est simple : le sous-titreur - aussi appelé "speaker" ou "perroquet" - écoute l'émission, répète et synthétise ce qu'il entend dans un micro, en dictant la ponctuation. Sa parole, son accent et son débit ont été auparavant testés sur le logiciel de reconnaissance vocale, de sorte que le logiciel traduise correctement le vocabulaire employé. Le logiciel retranscrit ensuite sous forme de texte ce qui est énoncé, en fonction du son et des probabilités. Une deuxième personne, le "correcteur", ou "validateur" apporte les corrections éventuelles au texte. Dans certains cas, une troisième personne, "le souffleur", aide le correcteur à déceler les erreurs qu'il n'aurait pas vues ou à lui répéter une phrase mal retranscrite par le logiciel de reconnaissance vocale, avant que les sous-titres ne soient envoyés. Avec un décalage d'environ 5 secondes entre l'image et le sous-titre, cette technique permet d'obtenir un sous-titrage complet et de qualité en un temps record. Cette technique séduit les chaînes françaises de par le résultat obtenu et les moindres coûts engendrés.
[1] Nathalie Diu, adaptatrice et co-responsable du pôle "Sous-titrage sourds et malentendants" [S & M] à l'Ataa [Association des traducteurs adaptateurs de l'audio- visuel]. Extraits d'articles des no 35 et 37 de Résonnances, la revue du bucodes - Bureau de Coordination des Associations de Devenus Sourds et Malentendants, juillet 2009 et janvier 2010.
Ressources documentaires :
- Alexis Bouzinac, Sous-titrage pour la télévision, historique et techniques, AFIDEO 2008 [PDF 1 Mo].
- CSA, Conseil supérieur de l'audiovisuel, L'accessibilité des programmes à la télévision.
- Medias-soustitres.com, le portail des bénévoles militants pour l'accessibilité des médias pour sourds et malentendants.
- Semainedusoustitrage.org, téléchargez le mode d'emploi : Comment faire fonctionner le sous-titrage [ou activer le télétexte] chez vous ? [PDF 89 Ko].
- Aegisub est un logiciel gratuit d'édition de sous-titres.
- Conseils pour créer des sous-titres SubRip [fichier.srt].