Le site de Nicolas Anquetil


L'accessibilité des sites Web pour les publics sourds

Date : janvier et juin 2009. Attention cette page est une archive, son contenu n'est plus actualisé.

Photographie de Dimitri Smilenko pour l'agence BDDP & Fils. Traduction de la LSF vers le français : Aujourd'hui, tout le monde devrait pouvoir communiquer comme il l'entend

L'objectif de cet article est de fournir des conseils et des ressources technologiques pour la mise en accessibilité numérique des sites Internet à l'attention des publics sourds. Cette démarche s'inscrit dans le respect de la loi "pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées" du 11 février 2005 qui garantit entre autres un nouveau droit aux personnes en situation de handicap : le droit à la compensation [article L. 114-1-1]. Il dispose ainsi que "la personne handicapée a droit à la compensation des conséquences de son handicap quels que soient l'origine et la nature de sa déficience, son âge ou son mode de vie". Il semble par conséquent important de rappeler que ce droit à la compensation, principe phare de la loi de 2005, doit être appliqué et mis en œuvre en ce qui concerne l'accessibilité des sites Internet, publics dans un premier temps puis parapublics et privés dans un second, ces derniers étant une condition nécessaire à l'insertion professionnelle ou au plein exercice de la citoyenneté de ces personnes. La méthode d'application en France, intitulée RGAA pour le Web [décret no 2009-546 du 14 mai 2009] est le référentiel de mise en conformité aux recommandations internationales d'accessibilité en vigueur, issues du W3C avec la WAI qui définit les guides d'accessibilité des sites Web, les WCAG 1.0 [fr] et 2.0 [fr]. Il est à noter que le niveau de priorité obligatoire retenu dans le RGAA est le niveau double A du WCAG-1.0, niveau d'accessibilité minimal harmonisé et déterminé par la Commission européenne [cf. plan eEurope 2005].

La communication visuelle et graphique

Les personnes sourdes développent une capacité particulière à percevoir l'information de manière visuelle : ce canal sera toujours sollicité et favorisé [globalité › iconicité › intuitivité]. [Voir un exemple d'une identité visuelle forte, le site éducatif et interactif en ASL et LSQ de la série télévisée canadienne deafplanet.com].

Le sous-titrage sourds et malentendants des vidéos pour le Web

La mise en accessibilité d'une vidéo ou d'un contenu audio pour le public sourd et malentendant passe dans un premier temps par le choix d'un lecteur multimédia et d'un format eux-mêmes accessibles à tous les internautes [parts de marché par ordre décroissant : Flash ?, Windows Media Player, QuickTime player et Real Player]. Puis, dans un second temps par l'enrichissement de cette vidéo grâce à des alternatives textuelles comme un sous-titrage synchronisé avec le film ou si une telle disponibilité n'est pas toujours possible, d'une transcription textuelle reprenant le contenu et les voix [exemple de transcript ou audioscript]. Enfin, une traduction en langage des signes sera bien évidemment un plus !

Ajouter des sous-titres aux vidéos lues par Windows Media Player ou Media Player Classic nécessite de créer avec n'importe quel éditeur de texte un fichier SAMI. Puis de mettre la vidéo et le fichier SAMI, dont le nom doit être identique au nom de la vidéo avec une extension en .smi, dans le même dossier [cela lance la lecture des sous-titres lors d'une lecture du fichier vidéo dans le lecteur externe]. Si les sous-titres ne s'affichent pas dans Windows Media Player vérifier que l'option "Afficher les légendes locales..." est sélectionnée [Menu Outils › Options › Sécurité] ou en tapant directement au clavier Ctrl + Shift + C.

Ajouter des sous-titres aux vidéos lues par QuickTime nécessite de créer un fichier SMIL et un fichier texte. Le langage SMIL est une spécification du W3C qui permet de synchroniser divers éléments multimédia, tels que de la vidéo, du son, des images et du texte. Ceci permet de créer des présentations multimédia interactives très complexes. Si vous devez n'utiliser qu'un seul format, privilégiez ce format standard et multi-plateforme, qui plus est compatible avec Real Player. Pour lancer la lecture des sous-titres lors d'une lecture dans le lecteur externe, il suffit d'ouvrir le fichier SMIL dont l'extension est en .smil, et dans lequel se trouve les adresses des fichiers vidéo et texte. Pour Real Player, la procédure est identique mais l'extension vidéo est en .rm et le fichier texte en .rt, celui-ci d'ailleurs est codé de manière différente.

Enfin, pour l'interprétation en langue des signes, l'italien Alessio Cartocci, membre de l'équipe de Webmultimediale.org, qui travaille entre autres au développement de solutions de sous-titrage basées sur le langage SMIL, développe actuellement un lecteur FLV plus que prometteur. Ce lecteur accessible avec support multilingue, intègre une deuxième fenêtre interne, mobile et redimensionnable pour la langue des signes. Vous avez de plus la possibilité d'activer les sous-titres, la description audio et la fenêtre de langue des signes. Enfin, comble du raffinement, il supporte les langages SMIL, SAMI, DFXP et les formats textes de QuickTime et Real pour les sous-titres. [Voir des exemples sur le site de Webmultimediale.org].

Une mention spéciale pour lesite.tv pour tous, proposé par France 5 et le Scéren-CNDP, qui est le 1er site Internet accessible de vidéos pédagogiques à la demande, destiné aux enseignants et aux élèves. Le lecteur vidéo en 0pen Source, développé par les équipes du site.tv, permet le visionnage de plus de 600 minutes de vidéos éducatives synchronisées sur un même écran avec des vidéos en LSF [Langue des Signes Française] ou LPC [Langage Parlé Complété] et l'affichage des sous-titres télétexte.lecteur vidéo.

Une autre mention spéciale pour la version 0pen Source 3.16 du lecteur JW FLV Media Player de Jeroen Wijering. Les commandes de ce lecteur compatibles avec un lecteur d'écran sont également accessibles par les touches du clavier de votre ordinateur : barre espace, haut, bas, gauche, droite et les touches Tab et Entrée pour naviguer entre les différents boutons. Il permet de plus d'ajouter des sous-titres SubRip dont l'extension est en .srt ou DFXP [défini par le W3C] [il est à noter que le lecteur ccPlayer, proposé par le NCAM, présente des caractéristiques assez similaires].

Sous-titrage automatique des vidéos du Web

YouTube, filiale de Google, expérimente un système de transcription automatique de la bande son en texte écrit, grâce au processus de reconnaissance vocale utilisé dans Google Voice, qui permet de traduire en mots écrits les sons entendus dans la vidéo. Une fois analysés, les mots et phrases entendus sont directement retranscrits et apparaissent sous la forme traditionnelle de sous-titres. Une technologie pour le moment réservée aux contenus anglophones. En outre, grâce à Google Translate, les sous-titres en anglais peuvent être automatiquement traduits dans les 51 langues proposées par l'outil de Google. Par ailleurs, il y a toujours la possibilité d'ajouter ses propres sous-titres manuellement, aux formats Subviewer dont l'extension est en .sub ou SubRip dont l'extension est en .srt à une vidéo que l'on souhaite télécharger sur YouTube. [Essayer Google Voice avec le navigateur Google Chrome, voir la conférence de Naomi Black, Cynthia Boedihardjo et Jeffrey Posnick : The YouTube Caption API, Speech Recognition, and WebVTT captions for HTML5, Google I/O mai 2011].

Mode d'emploi de l'activation et de la traduction des sous-titres automatiques de YouTube

En France, la chaîne d'information en continu, France 24, via son site france24.com, propose également une nouvelle fonctionnalité sur son lecteur vidéo haut débit permettant de transcrire automatiquement sous forme de texte les 24 dernières heures d'antenne. [France 24].

Le système RISP

Cet outil de communication qui s'adresse avant tout aux institutions permet la transcription de la parole à l'écrit via un système de vélotypie, un sous-titrage télétexte est réalisé en temps réel. Ce système repose sur la saisie de syllabes sur un clavier spécial, transcrit par ordinateur en français, et projeté sur écran géant via un vidéo projecteur. Lors des Rencontres Art, Culture et Handicap à Bourges organisées par le Ministère de la Culture en octobre 2003, toutes les interventions furent retranscrites par ce système et simultanément traduites en langue des signes française. La retransmission en direct sur Internet sous forme vidéo [oral et LSF] et texte a été possible grâce au logiciel ePresentation développé par France Telecom en partenariat avec Websourd. [Le site de système RISP].

L'importance de prévoir une interface en langue des signes

Pour une grande majorité de personnes sourdes de naissance, dont la surdité est sévère ou profonde, le français est semblable à une langue étrangère, et l'accès à l'implicite de la langue est plus que problématique, d'où de réelles difficultés de compréhension du français. Une traduction du français en langue des signes permettra dans de nombreux cas à l'internaute sourd de profiter pleinement de tous les contenus proposés. [Voir l'exemple des éditions Dupuis qui proposent une aide à la lecture des bandes dessinées pour enfants de la collection Punaise et Puceron en LDS et LPC].

La traduction en ligne et le dispositif Signes en Ligne

Sign Language Interpretation [pictogramme international] et à droite, son équivalent français

Ces services permettent l'accès à un site grâce à une traduction en langue des signes, de documents écrits ou de certains messages, qui sont ainsi disponibles en ligne. Ils permettent une autonomie pleine et entière de la personne sourde. De plus en plus, ce style de service est couplé à un service de visio-interprétation qui permet à une personne sourde de communiquer en direct avec un interlocuteur entendant grâce aux services d'un interprète à distance. La personne sourde s'adresse à la webcam en langue des signes et un interprète, à distance, traduit verbalement son message à la personne entendante. L'interprète traduit ensuite en langue des signes les réponses à la personne sourde. [Voir un exemple d'un environnement administratif rendu accessible en langue des signes sur le site de la mairie de Toulouse] [voir un exemple de traduction en ligne couplée à la visio-interprétation sur le site EDF - Service eSourds] [un incontournable, le site de Websourd partenaire de France Telecom pour le développement du logiciel de visio-interprétation eConf].

Les automates de communication en langue des signes
[signeur virtuel ou avatar signant]

Avatars signant LS [Liste non exhaustive, 2008]

Un avatar signant est un personnage virtuel s'exprimant en langue des signes, capables de fabriquer et délivrer des messages en temps réel à partir de données textuelles à l'instar d'une application TTS [un système informatique permettant de transformer un texte écrit en un texte parlé] pour les restituer en animation. Les technologies actuelles bien qu'en développement rapide ne permettent pas d'envisager à court terme une traduction automatique exhaustive car la compréhension linguistique de la LSF est imparfaite au niveau lexical et grammatical. Ce type de technologie est cependant promis à un bel avenir dans la prospective d'une traduction bilatérale [français ‹› LSF] et d'une extension multisupport, Web, mobile, PDA, etc. [Voir les avatars s'expriment en langue des signes, Diane, sur le site Orange Innovation.tv] [voir Diego, un exemple d'avatar signant, dans "La forêt : une histoire en ASL" par Michael Freeman © 2008 Vcom3D [www.vcom3D.com] & Gallaudet University, durée 4'06", USA].

Ressources documentaires :

Les directives d'accessibilité relatives à notre thématique

RGAA pour le Web

Directives pour l'accessibilité aux contenus Web [WCAG 1.0]

Directives pour l'accessibilité aux contenus Web [WCAG 2.0]

Ressources généralistes sur la surdité et la LSF :

[Retour à la page précédenteretour] [Aide à la navigation - Vers le haut de cette page]